Comme quoi je suis une éternelle optimiste : j'ai échappé au tsunami le 26 décembre 2004 !
C'était pas mon jour, soit ! J'ai quand même eu chaud.
Mahabalipuram, sud de l'Inde. Appellée maintenant Mamalapuram, mais c'est comme Mumbay ou Antananarivo ou Ho Chi Min ville, on dit toujours Bombay, Tana ou Saïgon, comme nombre
de leurs habitants. Na !
Bref c'était un retour en Inde pour Bill et moi. Notre dernier voyage dans ce sous-continent datait de 1982 et s'était terminé pour Bill par trois mois d'hosto.
Puis la naissance de nos enfants, notre départ pour la Réunion, les aléas de la vie ne nous avaient pas permis de revenir.
Là, nos lardons partis étudier en métropole, nous étions libres de reprendre nos périples. Bill m'avait toujours promis de m'amener à Pondichéry, ville dans laquelle je pense
viendraient certains de mes ancêtres. Lui avait visité déjà le sud de l'Inde, sans moi, et parlait souvent de me faire découvrir les lieux qui l'avaient ému.
Et là en 2004, nous venions juste d'arriver de la Réunion via Maurice, par Madras (maintenant appelée Chennaï) et nous avions de suite migré sur
Mahabalipuram quelques kilomètres au sud.
Réveillon de Noël dans un petit resto en bord de mer.
Ce matin du 26 décembre, nous avions prévu d'aller faire des photos du lever de soleil sur cette fameuse plage. Mais nous avons un peu traîné avant de nous lever alors nous avons plutôt opté pour
la visite du temple, le fameux temple de Mahabalipuram, le plus vieux de l'Inde du Sud, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.
Et donc protégé efficacement de l'assaut de la mer par une digue de grosses pierres. Et c'est cette digue qui a brisé l'assaut de la vague meurtrière de ce 26
décembre.
Donc nous venions de payer l'entrée de ce temple, au bout d'une esplanade, au bord de la mer.
Tout d'un coup je dis à Bill : "regarde, la mer arrive".
Je voyais cette vague qui avait traversé la plage, franchi allégrement le grillage clôturant l'enceinte du
temple, et qui glissait maintenant vers nous à travers le gazon de l'esplanade. C'était la première fois que je venais dans ce lieu mais vraiment, cette arrivée soudaine de l'eau à cet endroit là
me semblait bien incongrue. Et effectivement elle l'était puisque tout à coup les gardiens du temple se sont mis à actionner leur sifflet, les gens ont commencé à courir et à crier.
Panique générale.
Sauve qui peut !
Là on se dit qu'il y a bien quelque chose de pas normal et qu'il faut dégager sans attendre.
Nous commençons donc à courir aussi. Puis je dis à Bill : "prends une photo". Nous nous arrêtons. Il en prend trois et nous reprennons notre course vers l'intérieur du
village, là où nous savons que se trouve une colline.
Voici les trois photos :
première photo, le temple est à gauche, hors
cadre, la mer à l'horizon et la vague traverse le grillage. Sur la droite une allée bétonnée, un grillage et en contre bas, hors enceinte, les barraques des vendeurs de souvenirs qui vont
être balayées (on distingue les toits)
deuxième photo : on voit mieux les toits des boutiques et les gens qui courent
sur l'allée de béton sur la droite
troisième photo: nous avons bien reculé, l'eau avance toujours, elle ira plus
loin que là où nous sommes encore a moment de la photo, et les boutiques sur la droite seront ravagées, le temple baigné par l'eau
Autour de nous la débandade s'organise, tout le monde se case dans tous les véhicules présents et en très peu de temps, la place se vide.
Nous comprendrons le soir même et ensuite au fur et à mesure l'ampleur du phénomène, les milliers de morts, l'horreur provoquée par la nature en folie.
Plus tard, la plage de Mahabalipuram a été nettoyée.
Plus rien ne traîne !
petit montage : la plage avant le
tsunami, bateaux, filets de pêcheurs et après : vide ! et au fond le temple et la digue qui nous a protégée.
Heureusement il n'y a pas eu trop de morts dans ce village par rapport à d'autres zones complètement ravagées, une dizaine de morts d'après le journal local.
Mais la vague a fait apparaître les vestiges d'un temple qui était cherché depuis des années ! Depuis des fouilles ont été organisées pour faire parler ces statues et vieilles pierres.
Quatre semaines plus tard nous sommes revenus sur ces lieux et un indien nous a dit d'un air pénétré, en anglais : "nous sommes dans la main de Dieu"
voilà le fameux temple, avant et après le
tsunami et le grillage (photo en bas à droite) dont je parle sur la première photo de l'article.
Je republie cet article paru en janvier 2009, tout au début de l'existence de
ce blog donc très peu vu par les lecteurs d'aujourd'hui. Merci pour vos coms.